- LAURENCE ANYWAYS: " TRAILER" (VF) -
Un Certain Regard " LAURENCE ANYWAYS " Directed by: Xavier DOLAN Country: CANADA, FRANCE Year: 2012 Duration: 159.00 minutes Credits: Xavier DOLAN - Director Xavier DOLAN - Screenplay Yves BÉLANGER - Cinematography Anne PRITCHARD - Set Designer NOIA - Music Xavier DOLAN - Film Editor Actors: Melvil POUPAUD - Laurence Alia Suzanne CLÉMENT - Fred Bellair Monia CHOKRI - Stéfanie Bellair Nathalie BAYE - Julienne Alia Sophie FAUCHER - Andrée Bellair Adele JACQUES - Michel Lafortune Synopsis: Set in the 90’s, a man tries to salvage his relationship with his fiancée after revealing to her his aspirations of becoming a woman. Laurence Anyways is the story of a wild and unusual love. *** Dans les années 90, un homme tente de sauver sa relation avec sa fiancée après lui avoir annoncé son désir de devenir une femme. Laurence Anyways, c’est l’histoire d’un amour fou et différent. © mk2. MOT DU RÉALISATEUR: Dans les années 1990, je vivais avec ma mère en banlieue de Montréal. À l’école, j’avais le statut d’enfant-vedette, et manquais les classes pour jouer dans une pub ou un fifi lm. Aux yeux de mes camarades, j’étais dans le show business. Mais mon rapport avec le cinéma était assez superfifi ciel ; hormis les classiques de Disney, mon initiation au septième art se limitait aux blockbusters d’Hollywood, effifi caces et sanguinolents, que mon père m’emmenait voir en version française (souvent pour apprécier leur doublage, dont il était). Ma mère le semonçait pour ces sorties délictueuses dont elle redoutait l’inflfl uence sur moi, et qui, j’imagine, ont peut-être pu lui servir, par la suite, à justififi er mes incartades d’enfant violent et indiscipliné. Mon baptême de cinéma, c’est pourtant aux côtés d’elle que je le vécus. En 1997, j’avais neuf ans, c’était en décembre, ma mère m’emmenait au cinéma Le Parisien, que nous regrettons aujourd’hui. Au cours de cette soirée, il semble que j’expérimentai du même coup plusieurs des “premières fois” que la vie d’ordinaire répartit avec davantage de parcimonie ; ce fifi lm à lui-seul me fifi t tomber amoureux d’un homme, d’une femme, de costumes, de décors, d’images… Il me fifi t éprouver tout le frisson que procure une grande histoire, ambitieuse, racontée dans les règles de l’art, incarnée avec intelligence, illustrée avec épate, sensationnalisme, et démesure. Ce choc cinématographique m’impressionna au plus haut point, me poussa à vouloir à tout prix apprendre l’anglais pour pouvoir, à mon tour, jouer dans les fifi lms américains. C’est à ce moment aussi que je commençai, je crois, à me déguiser plus sérieusement avec les vêtements de ma mère, sans jamais qu’elle ne m’en empêche. À basculer dans un autre monde, pour échapper à un quotidien où, à l’évidence, je déplaisais aux autres enfants de mon âge, collectionnais les fausses petites amies, étais arrogant et seul, malgré toutes les amitiés insincères que je devais sans doute à la notoriété. Ce choc cinématographique, je l’ai compris tout récemment, fut une révélation pour moi ; il me permit non seulement de comprendre que je voulais être acteur et réalisateur, mais qu’à l’image de cette production, je souhaitais que mes projets et mes rêves n’aient aucune limite, et que l’amour insubmersible tel que montré dans ce fifi lm soit celui qu’un jour je connaisse. Quinze ans plus tard, je regarde Laurence Anyways, et j’y trouve l’expression de tous mes secrets d’enfance. Je ne souhaite pas devenir une femme, non, et mon fifi lm est avant tout mon hommage à l’ultime histoire d’amour ; ambitieuse, impossible, celle que l’on veut sensationnelle, démesurée, celle que l’on s’ordonne d’avoir honte d’espérer, celle que seuls le cinéma, les livres, l’art nous donnent. Mon hommage à cette période de ma vie, où, bien avant de devenir réalisateur, il fallut que je devienne un homme. — XAVIER DOLAN